# Introduction
Lors d’une rénovation, en particulier sur un bâti ancien (<1948), les travaux d’isolation des parois ou de changement du système de chauffage viennent s’ajouter à la longue histoire du bâtiment existant. Pour s’assurer que les travaux seront efficaces, il convient de réaliser au préalable un diagnostic des différents désordres existants, telles que les remontées capillaires.
Mettre en œuvre un isolant sur un mur humide produit souvent de mauvais résultats : dégradation rapide de l’isolant, sensations d’inconfort, économies d’énergie insuffisantes.
# Que sont les remontées capillaires ?
Le phénomène de remontées capillaires, aussi appelé « remontées d’humidité par capillarité », correspond à la migration de l’eau provenant du sol vers l’intérieur des murs d’un logement. Autrement dit, les matériaux en contact permanent avec le sol captent l’eau de ce dernier à travers leurs pores, faisant remonter l’eau dans la paroi. C’est exactement le même principe qui se produit lorsque l’on trempe un morceau de sucre dans le café.
Phénomène de capillarité démontré avec le sucre dans le café.
Remontées capillaires dans un bâtiment disposant d’une dalle béton en intérieur.
# Comment savoir si le mur présente des signes de remontées capillaires ?
Observez à l’extérieur comme à l’intérieur du bâtiment. S’il y a des traces d’humidité localisées au pied du mur, formant une vague irrégulière, et variant en fonction des saisons, alors vous êtes en présence d’une remontée capillaire.
La hauteur des remontées capillaires peut varier entre 0.5m et 1.5m, selon :
- la porosité des murs
- le niveau d’humidité dans le sol
- les possibilités d’évaporation des parois
Photo d’un mur en pierre avec présence de remontées capillaires.
Comme nous pouvons l’apercevoir sur la photo ci-dessus, les remontées capillaires forment une tâche d’humidité avec une séparation sinueuse entre la partie sèche et la partie humide de la paroi.
Lorsqu’il s’agit de remontées capillaires, l’eau qui remonte dans le mur est gorgée de sels minéraux. Pendant les saisons estivales, on constate la présence de ces sels à la surface du mur, particulièrement au niveau de la séparation entre la partie sèche et la partie humide de la paroi.
Les bâtiments neufs sont moins sujets aux remontées capillaires à condition que, dès leur construction, une coupure de capillarité a été mise en place entre les fondations et les murs.
Bâti neuf avec coupure de capillarité.
Dans CAP RENOV+, vous pouvez renseigner la présence de remontées capillaires au niveau des contraintes particulières à respecter dans le contexte client.
Problèmes d'humidité renseignés dans le contexte client.
# Quels sont les effets des remontées capillaires ?
# Les impacts des remontées capillaires sur le bâtiment
Les bâtis anciens non rénovés sont connus pour évaporer naturellement l’humidité présente dans le bâti. Les remontées capillaires ne présentent pas un danger particulier car elles sont vite évaporées.
Des travaux courants comme la pose d’un enduit étanche ou la mise en œuvre d’une dalle béton à l’intérieur ou à l’extérieur viennent stopper cette évaporation naturelle. Les remontées capillaires sont amplifiées et deviennent problématiques.
La dalle béton bloque l'évaporation et favorise les remontées capillaires au sein du mur.
Les remontées capillaires peuvent créer divers problèmes si elles ne sont pas traitées :
- Détérioration des enduits, papiers peints et peintures
- Pourrissement des structures en bois
- Diminution de la performance des éventuels isolants
- Eclatement des pierres ou des briques sous l’effet du gel
# Les impacts des remontées capillaires sur le confort des occupants
Les remontées capillaires ont également une incidence sur la santé des occupants.
Un mur constamment humide favorise le développement de champignons et de moisissures, ce qui peut provoquer des gênes ou maladies respiratoires chez les occupants.
Aussi, le mur étant chargé en eau, il est beaucoup plus long à sécher. Les parois restent humides, la performance de l’isolant est dégradée. Les occupants peuvent ressentir de l’inconfort (parois froides, taux d’humidité élevé) et donc avoir tendance à augmenter la température de chauffage (surconsommation) pour combattre cet inconfort.
Gestion de la température de confort d'hiver dans CAPRENOV+
# Quelles sont les solutions possibles pour gérer les remontées capillaires ?
Si des remontées capillaires sont diagnostiquées, il est important de traiter ce désordre avant de commencer des travaux de rénovation énergétique. Le mur doit retrouver sa bonne santé.
Il existe plusieurs manières de traiter les remontées capillaires.
# Favoriser l’évaporation des murs
Si les murs sont recouverts d’enduits ciments ou autres produits imperméables ou peu ouverts à la diffusion de vapeur d’eau, alors l’eau ne pourra pas s’évaporer. La solution est alors de retirer les enduits étanches sur toute la surface des murs. Ces murs devront être enduits à nouveau pour protéger le gros œuvre de la pluie. Il est conseillé d’appliquer des enduits perméables à la vapeur comme des enduits à base de chaux.
Voir : les enduits chaux et leurs décors (livre), les enduits chaux de la marque WEBER.
Cette opération lourde est l’occasion d’isoler la façade en même temps, en appliquant un isolant rapporté (par l’intérieur ou l’extérieur) ou bien en appliquant un enduit correcteur thermique.
# Récolter les eaux de pluie
Si les gouttières sont absentes, mal entretenues ou en mauvais état, les eaux de pluie peuvent s’accumuler au pied des murs et favoriser les remontées capillaires. L’ajout ou la rénovation d’un réseau de récolteur d’eaux pluviales est recommandé pour éviter tous désagrément futur.
Les récolteurs ne sont pas là seulement pour éviter aux occupants de se mouiller en sortant du bâtiment. Ils protègent les pieds de murs d’un excès d’eau.
# Drainer l’eau
Si le cas vous le permet, la pose d’un drain périphérique permet d’éviter que les eaux de ruissellement stagnent au pied des murs.
# Favoriser l’évaporation des sols
Si les sols (sur terre-plein) sont composés d’une dalle en ciment, l’humidité du sol sera bloquée et s’échappera alors en remontant dans les murs. La solution est alors de casser entièrement les dalles en béton.
Si les murs sont entourés de sols imperméabilisés (terrasse béton, trottoir ou chemin), là aussi il est conseillé de casser ces dalles.
Ces travaux sont des travaux lourds mais indispensables pour disposer d’un bâtiment sain.
Lorsqu’une nouvelle dalle est nécessaire, le recours à des matériaux perméables à la valeur est là aussi nécessaire. La dalle devra être réalisée en béton de chaux.
Cette opération est aussi l’occasion d’isoler les sols. Dans CAP RENOV, vous pouvez évaluer les économies générées.
Voir : sols chaux et terre cuite (livre)
# Recourir à un traitement technique
Des solutions plus techniques existent comme l’injection de résine, l’électro-osmose. Ces traitements sont à envisager uniquement si toutes les autres solutions n’ont pas pu être mises en œuvre. Ils ne traitent pas les sources du problème donc leur efficacité est aléatoire.
# Quelles solutions d’isolation sur les murs ?
Les matériaux permettant d’isoler des murs sont nombreux, et les techniques aussi.
Dans le cas d’un bâti ancien dont on aura traité les remontées capillaires, il faut privilégier :
- les isolants non-minéraux (exemple : fibre de bois, ouate de cellulose) , qui régulent facilement l’humidité
- les enduits ouverts à la vapeur d’eau, à base chaux
Et enfin, bien sûr, permettre l’évacuation de l’humidité (et des odeurs) du logement grâce à un système de ventilation efficace.
CAP RENOV+ vous permet d’évaluer les bienfaits (économies, confort) d’une rénovation énergétique.
Nous étudions la possibilité de permettre aux utilisateurs d’indiquer l’état des isolants mais cela implique une certaine subjectivité. Par ailleurs, le degré de dégradation des performances d’un isolant est peu documenté d’après nous, et il est donc difficile de fixer des coefficients de dégradation correspondant.
# Remontées capillaires, confort et performance thermique
La rénovation thermique ne doit pas se limiter à l’isolation des parois, à la pose d’équipements performants, à la ventilation, etc. Avoir une vision globale du fonctionnement du bâti, c’est assurer le confort des occupants mais aussi éviter les déconvenues après travaux.
Connaître l’histoire du bâti, sa date de construction, son mode constructif, les travaux d’amélioration réalisés et les ressentis de ses occupants, sont des éléments essentiels pour réaliser une rénovation performante dans le temps.
Bien que le phénomène de remontée capillaire soit naturel, il peut s’avérer dévastateur et rendre un logement très inconfortable.
Traiter ces désordres, c’est s’assurer que les économies d’énergie seront bien au rendez-vous une fois le logement isolé.
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